Des organismes canadiens demandent aux autorités de protéger les opposants à Hidroituango

Isabel Zuleta, une dirigeante des communautés dévastées par le barrage Hidroituango

En novembre passé, Above Ground, Amnistie internationale Canada et l’Alliance de la Fonction publique du Canada ont accompagné Isabel Zuleta, une dirigeante des communautés dévastées par le barrage Hidroituango, lors de ses rencontres avec des responsables d’Exportation et développement Canada (EDC) et d’Affaires mondiales Canada visant à dénoncer le soutien financier apporté au projet par EDC. Mme Zuleta a mis les responsables canadiens au défi d’expliquer ce qu’ils faisaient pour remédier les nombreux torts causés par le barrage, y compris les graves menaces pour la sécurité des dirigeants communautaires qui se sont opposés au projet. Au moins six membres de la coalition Movimiento Ríos Vivos que représente Mme Zuleta ont été tués dans les dernières années.

Mme Zuleta a alors affirmé aux représentants de la banque d’exportations du Canada : « Sans des fonds de l’étranger, Hidroituango n’aurait pas été possible. (…) Par conséquent, la responsabilité de nos vies et de notre protection revient aussi aux investisseurs. » Dans une lettre envoyée en juin à la ministre du Commerce international Mary Ng, Above Ground et Amnistie internationale Canada ont demandé que la banque d’exportations du Canada milite publiquement en faveur des droits et de la sécurité des personnes négativement touchées par le barrage Hidroituango.

Suite à la décision du gouvernement colombien de réduire le niveau de protection accordée à Mme Zuleta, Above Ground, Amnistie internationale Canada et des autres organismes demandent aux autorités colombiennes de faire marche arrière et d’assurer la sécurité de Mme Zuleta et de tous les membres du Movimiento Ríos Vivo.


Au Directeur de l’Unité Nationale de Protection (UNP)
Alfonso Campos Martínez
director@unp.gov.co

Au Directeur de droits humains du ministère de l’intérieur
Ricardo Arias Macías
ricardo.arias@mininterior.gov.br

c/c
juan.cepeda@unp.gov.co
ana.olaya@unp.gov.co
correspondencia@unp.gov.co
atencionalusuario@unp.gov.co
noti.administrativas@unp.gov.co
secretariatecnicacerrem@unp.gov.co
asuntosinternacionalesddhh@mininterior.gov.co

Objet : Demande de ne pas réduire les mesures de protection d’Isabel Cristina Zuleta, défenseure de droits humains et porte-parole du Mouvement Ríos Vivos

Nous, les organisations de la société civile canadienne soussignées, nous nous permettons de vous interpeller afin de demander aux autorités colombiennes de maintenir leurs efforts en prenant  toutes les mesures nécessaires pour continuer d’assurer la protection de la défenseure des droits humains Isabel Cristina Zuleta, leader sociale et porte-parole du Mouvement Ríos Vivos.

Nous recevons avec une forte inquiétude la nouvelle de la Résolution 2884/2020 prise par l’Unité nationale de protection (UNP), qui instaure la réduction de mesures de protection d’Isabel Zuleta. Cette décision présente une menace pour la sécurité de la défenseure. Nous insistons auprès des organes gouvernementaux sur l’importance de continuer à fournir à Isabel Zuleta le maximum de mesures de protection, étant donné le risque extrême qu’elle encourt en raison de ses activités de leadership et de défense des droits humains.

Il est également important de prendre en compte le contexte particulier propre au territoire sur lequel Isabel Zuleta exerce son travail social, humanitaire et public. Avec cela en tête, nous exhortons les autorités à mettre en œuvre des mesures de protection en faveur du Mouvement Ríos Vivos dans son ensemble. Celles-ci ont été déterminées comme étant nécessaires par le Comité d’évaluation des risques et de recommandation de mesures (CERREM) et n’ont malheureusement pas été mises en place, laissant les membres du mouvement encore plus vulnérables.

En novembre 2019, Isabel Zuleta a visité plusieurs villes du Canada dans le cadre de la tournée « Justice Énergétique : pour la défense du fleuve Cauca » organisée par plus de 25 organisations de la société civile canadienne. Au cours de sa tournée, Isabel Zuleta a exposé aux organisations canadiennes et au public la situation de violations des droits humains à laquelle sont soumises les communautés touchées par le mégaprojet hydroélectrique Hidroituango. À noter de plus que ce mégaprojet a bénéficié d’un prêt d’Exportation et développement Canada et bénéficie toujours de ressources financières de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Ainsi, en tant que membres de la société canadienne opposés au financement de projets liés à des violations de droits humains en Colombie, nous insistons pour que la protection d’Isabel Zuleta et du Mouvement Ríos Vivos soit garantie par tous les moyens possibles.

Une réponse concernant notre demande sera fortement appréciée et considérée.

Cordialement,

Rosa Peralta
Équipe des actions urgentes du Comité pour les droits humains en Amérique latine

Organisations signataires :
Above Ground
Amnistía Internacional Canadá
Campagne lavons les mains sales de la Caisse
Care for Colombian Leaders
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO)
Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
KAIROS: Canadian Ecumenical Justice Initiatives
MiningWatch Canada
Ola Pazífica
Projet accompagnement solidarité Colombie (PASC)
Solidarity and Social Justice Committee of the Teaching Support Staff Union
Syndicat des Métallos