La banque d’exportations du Canada doit rendre des comptes pour avoir appuyé un désastreux méga-barrage colombien

Des défenseurs des droits de la personne dénoncent le soutien financier du gouvernement canadien à un projet hydroélectrique désastreux en Colombie, alors qu’une dirigeante d’une des communautés touchées est à Ottawa pour rencontrer aujourd’hui des responsables d’Exportation et développement Canada (EDC) et d’Affaires mondiales Canada.

Des représentants d’Amnistie internationale Canada et d’Above Ground accompagnent Isabel Zuleta, une porte-parole de la coalition Movimiento Ríos Vivos, lors de ses entretiens avec des représentants canadiens.

La présidente et chef de la direction d’EDC a récemment reconnu que le projet Hidroituango, financé en partie par EDC, avait causé « une catastrophe environnementale, économique et humaine » après que le barrage se soit presque effondré en 2018, obligeant l’évacuation de 25 000 personnes. Un autre bailleur de fonds, la Banque interaméricaine de développement, a annoncé le mois dernier la tenue d’une enquête sur son appui au barrage.

Les dommages causés par le projet au deuxième plus grand fleuve de Colombie ont mis en danger la santé, les sources de nourriture et les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes. Des dirigeants communautaires ont également mis en garde contre des menaces croissantes à la sécurité des personnes qui se sont prononcées contre le projet.

« Ce mégaprojet n’a pas seulement détruit les foyers, les modes de vie et les sources de nourriture des familles, il a été imposé par la violence et le déplacement forcé de la population, qui est victime du conflit armé », a déclaré Mme Zuleta.

« En 2013, Amnistie internationale a signalé que des opposants à Hidroituango étaient menacés et victimes d’attaques », a ajouté Kathy Price, militante pour la Colombie chez Amnistie internationale Canada. « Depuis lors, plus de 150 incidents de sécurité ont été rapportés, notamment les assassinats brutaux de gens qui se sont prononcés contre les impacts du mégaprojet sur l’environnement et sur les droits de la personne. Le Canada ne peut plus fermer les yeux ».

Selon un rapport d’Above Ground, EDC a consenti un prêt de $466 millions à l’entreprise qui construit le barrage, malgré les avertissements de corruption et de préjudices imminents aux collectivités en aval émis dès le processus d’appel d’offres. Des doutes quant à la conception du barrage avaient été soulevés des années avant qu’EDC n’approuve le prêt, les experts ayant mis en garde contre une catastrophe comme celle qui s’est produite l’an dernier.

L’entreprise fait actuellement l’objet d’une enquête criminelle pour corruption présumée et dommages environnementaux liés à la construction du barrage.

« Quand Ottawa demandera-t-il des comptes à sa banque d’exportations? » demande Karen Hamilton, agente de programme chez Above Ground. « EDC affirme passer au crible les entreprises qu’elle soutient pour s’assurer qu’elles sont socialement et écologiquement responsables. Mais elle finance régulièrement des entreprises accusées d’inconduite grave. Le gouvernement canadien doit assumer ses responsabilités et rendre cette société d’État légalement redevable des impacts de ses décisions ».

Contact média : Karen Hamilton, agente de projet, Above Ground, (438) 992-5163, khamilton@aboveground.ngo

Amnistie internationale est un mouvement mondial regroupant plus de sept millions de personnes dans 150 pays qui œuvrent ensemble pour protéger et pour promouvoir les droits de la personne.

Above Ground est un projet de Tides Canada, un organisme de bienfaisance national voué à un environnement sain, à l’équité sociale et à la prospérité économique. Nous veillons à ce que les entreprises basées au Canada ou soutenues par l’État canadien respectent les droits de la personne partout où elles opèrent.